Apparence physique : quelles limites fixer aux adolescentes ?

Les changements dans l’apparence des jeunes filles se sont accélérés, portés par une puberté précoce et le regard de la société. Cette féminité exposée au regard de tous, dès l’âge de 11 ou 12 ans chez certaines d’entre elles, inquiète les parents. Quelles limites fixer ? Les conseils d’Yves Gervais, psychothérapeute pour adolescents.

 

Fixer des limites raisonnables

On vit en démocratie, on peut donc penser que chacun a le droit de s'habiller comme il veut. Ne revient-il pas aux parents pourtant de faire respecter un code moral aux enfants, en matière d'apparence physique comme dans bien d'autres domaines ? Il faut des limites, des limites raisonnables mais claires, nettes et précises.

“C'est génial les limites pour l'adolescent, rappelle Yves Gervais, psychothérapeute pour adolescents, car il aime transgresser. Si l'on fixe des limites raisonnables, il pourra transgresser de manière raisonnable.” Tout est affaire de relations avec les parents. “Que des jeunes filles dont le corps change aient envie de s'habiller de façon plus féminine ou de se maquiller un peu, c'est normal, souligne Yves Gervais. Si les relations sont bonnes, qu'il y a de l'affection et du dialogue entre parents et enfants, les parents peuvent accepter certains changements.”

Contrôler l’accès à l’image

“Les parents qui autorisent leur fille de 12 ans à aller au collège avec des bas résilles ou le nombril à l'air n'assument pas leur rôle d'éducateur, affirme Yves Gervais. Je crois que le gros souci aujourd'hui, lié à ces questions d'apparence, est le contrôle en général de l'accès à l'image – via Internet. Un bon parent, c'est quelqu'un qui est capable de contrôler l'accès à l'image pour ses enfants, jusqu'à ses 18 ans.

Certaines études de l'Inserm préconisent un maximum de 15 heures par semaine en autonomie devant l'écran pour un collégien, et de 20 heures pour un lycéen. Ces chiffres sont déjà élevés. Je crois que pour vivre dans une société apaisée, il faut contrôler pour nos adolescents l'accès à la pornographie, aux films d'horreur et aux images violentes.” 

Trouver le juste milieu

Ce qui est inquiétant, à travers cette question de l'apparence des filles, conclut Yves Gervais, ce n'est pas la forme, c'est le fond. On rejoint ici, la question plus vaste de l'éducation. “Laisser tout faire à ses enfants, c'est de la violence. Mais on ne peut pas interdire toute sortie à une fille de 15 ans : l'empêcher de se développer normalement comme une adolescente, c'est de la violence aussi.”

Les relations extrémistes, au niveau relationnel et affectif, sont inquiétantes dans les deux sens : “C'est l'enfant élevé dans le désert (sans repères, sans limites) et à l'autre extrême, l'enfant élevé dans une prison (les parents contrôlent tout).”

Yves Gervais met en avant un terme québécois : la “tempérance”. Rapporté à l'éducation, il signifie trouver le juste milieu, l'équilibre. “Avec nos ados, filles et garçons, ne soyons ni dans le trop d'amour, ni dans le trop peu, ni dans le trop de dialogue, ni dans le trop peu, ni dans le trop de limites, ni dans le trop peu.” 

 

Le 31 mai 2011 Sophie Coucharrière, avec Yves Gervais, psychothérapeute pour adolescents

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