Adolescence : comment expliquer le besoin d’expériences limites ?

Le quotidien des ados est encadré par les lois sociales, le règlement scolaire, les règles établies par la famille… Ce qui n’empêche pas les tentations de braver les interdits. Le magazine Phosphore explique à ses lecteurs pourquoi ils ont envie de franchir les limites. A lire aussi par les parents désorientés par le comportement de leur ado…

 

Parce que vous ne savez pas complètement qui vous êtes

Il n'est pas toujours facile de se projeter dans l'avenir. Vous êtes encore en pleine construction de vous-même et vous ne savez pas complètement qui vous êtes. D'où ce besoin de vous tester. Pour connaître vos limites, vous allez le plus loin possible jusqu'à ce que le corps dise stop.

Par des vomissements après avoir ingurgité trop d'alcool ou par la douleur à la suite d'une expérience physique trop intense, votre corps vous confirme que vous l'avez poussé à bout. Mais avant qu'il ne parle, il a pu s'en passer des choses… Et parfois, quand le corps se remet de ses souffrances, c'est la tête qui prend le relais et impose d'autres douleurs, comme le malaise et les regrets d'avoir fait des choses qui ne vous ressemblent pas. Et si c'était la tête qu'il fallait écouter en premier la prochaine fois ?

Pour vous intégrer

Dans un groupe, il y a toujours quelqu'un pour lancer des idées un peu folles… et des gens pour les suivre. Les jeux d'alcool, les “délires” de soirées et les “prouesses” de certains alimentent les conversations. La vie entre amis ressemble parfois au jeu du “cap” ou “pas cap” où chacun teste sa bravoure et sa valeur : “Si d'autres le font, je peux bien le faire aussi.”

De peur d'être mis(e) à l'écart, vous suivez le mouvement, quitte, parfois, à le regretter… La limite entre ce que l'on est, ce que l'on veut et l'image que l'on aimerait renvoyer aux autres n'est pas toujours facile à établir. Heureusement (et on parie que vos vrais amis sont d'accord), votre valeur ne se calcule pas en litres de vodka ingurgités ou en nombre de bras cassés.

Pour contrer vos angoisses

Vous avez des tonnes de choses à gérer en même temps : il y a les cours, bien sûr, mais il y a aussi vos émotions, votre corps qui change, vos craintes de l'avenir… Bref, plein de bonnes raisons de stresser et une grosse envie, parfois, de déconnecter. Un bon livre, une séance de sport ou le dernier épisode de How I Met Your Mother peuvent suffire.

Mais quand les angoisses deviennent récurrentes et profondes, certains d'entre vous y répondent par des actes beaucoup plus extrêmes. Il y a ceux/celles qui s'échappent de la réalité en consommant de l'alcool ou d'autres drogues, ceux/celles qui déplacent leur souffrance intérieure en s'infligeant des douleurs corporelles : scarification, anorexie, boulimie…

Ces réponses à l'angoisse dépassent la simple transgression des limites : ce sont des appels à l'aide et il est urgent de solliciter l'intervention d'un adulte. La souffrance, personne ne mérite de la porter seul(e).

 

Le 31 mars 2011 Chloé Plancoulaine, Phosphore, “Les expériences limites, pourquoi ça tente ?”, juin 2011

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