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En famille

La timidité : est-ce une affaire de famille ?

Votre enfant se réfugie derrière vous en présence d’inconnus, rougit quand on lui adresse la parole… Comment expliquer son comportement ? Cette timidité peut-elle être d’origine familiale ? Si elle le fait souffrir, de quelle façon l’aider ? Réponses et conseils de Lyliane Nemet-Pier, psychologue et psychanalyste.

 

Dans certaines familles, on est timide de génération en génération. Ce trait de caractère serait-il héréditaire ?

Lyliane Nemet-Pier : Jusqu'à présent, on n'a pas décou­vert de gène de la timidité ! Quant à dire s'il existe une prédisposition bio­logique expliquant le rougissement du visage, les mains moites et le cœur qui bat, c'est possible, mais on ne peut pas l'affirmer non plus.

En revanche, ce que l'on connaît bien, ce sont les phénomènes d'identifi­cation entre les enfants et leurs pa­rents. Dans une famille qui vit très fermée sur elle-même, considère le monde extérieur comme menaçant, préfère rester en retrait que tisser des liens avec les autres, un enfant pourra avoir tendance à imiter cette façon d'être et, du coup, ne pas se sentir à l'aise dans ses relations sociales.

Il craindra d'aller dormir chez un copain, aura peur de se retrouver en présence d'autres adultes que ses parents.

La timidité se construirait donc au sein de la famille ?

L. N.-P. : Il est clair que l'influence du milieu familial est importante dans cette affaire. Si, par exemple, une maman est tellement fusionnelle avec son enfant qu'elle fait toujours tout à sa place, celui-ci ne pourra acquérir aucune confiance dans ses propres capacités à faire les choses. Résultat, il se repliera sur lui-même, ne s'au­torisera pas à oser.

Ou bien, si des parents se montrent tout particulièrement exigeants avec leur enfant, tiennent des propos cinglants, voire parfois humiliants, là encore, il souf­frira d'une piètre estime de soi qui l'empêchera de s'affirmer.

Autre cas de figure possible pouvant engen­drer de la timidité : l'enfant qui ne parvient pas à se faire entendre dans sa famille, dont on n'écoute pas la parole. Soit parce que ses frères et sœurs sont envahissants, soit parce qu'on lui met une tétine-bâillon dans la bouche ou qu'on le plante devant un écran pour avoir la paix plutôt que de l'écouter.

Comment voulez-vous ensuite que cet enfant, habitué à ce qu'on ne l'entende pas, par­vienne aisément à s'exprimer en public, à aller vers les autres ?

 

Le 30 janvier 2011 Lyliane Nemet-Pier, propos recueillis par Isabelle Gravillon, Pomme d’Api, février 2011

Lyliane Nemet-Pier, psychologue et psychanalyste


Parmi les enfants que Lyliane Nemet-Pier reçoit dans son cabinet, il y a de nombreux petits timides. Elle les repère vite : ils n'osent jamais lui demander le château fort rangé en hauteur sur un meuble, malgré leurs yeux pleins d'envie !

 

Elle a publié plusieurs ouvrages dont Mon enfant me dévore et Peur du noir, monstres et cauchemars, éditions Albin Michel. 

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