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En famille

Autonomie de l’enfant : construire une cabane, ça rend débrouillard !

Au fond du jardin, dans la forêt voisine ou même à la maison dans un recoin sous un escalier, les enfants ont vite fait de repérer les lieux pour construire des cabanes. Comment cela les aide-t-il à devenir plus autonomes ? Réponses d'Emmanuelle Rigon, psychologue.

 

Pomme d’Api : La cabane aide-t-elle l’enfant à gagner en autonomie ?

Emmanuelle Rigon : Sans aucun doute. Aller jouer dans sa cabane – même si elle se situe sous l'escalier de la cave ! – c'est plus qu'aller jouer dans sa chambre : c'est un endroit symboliquement distinct de la maison qui permet à l'enfant de prendre un peu de distance par rapport à ses parents.

C'est son lieu à lui, comme le sera plus tard la maison qu'il occupera quand il sera devenu une grande personne. Même petit, un enfant comprend fort bien qu'avoir un toit à soi, différent de celui des parents, c'est cela, être adulte !

Vers 6 ans, il réclamera peut-être de dormir dans sa cabane. Même s'il est encore un peu jeune pour ce genre d'expérience et aurait sans doute bien trop peur pour mener son projet à terme, le simple fait de le formuler témoigne de son envie de grandir.

P.d’A. : Construire sa cabane, est-ce que cela rend plus débrouillard ?

E. R. : Les bénéfices qu'un enfant retire de la construction d'une cabane sont innombrables. À travers cette expérience, il développe de réelles capacités techniques, car il faut bien que son édifice tienne debout ! Il doit tester différents matériaux et agencements, puis en tirer des conclusions. Il peut aussi découvrir de manière intuitive certaines règles à mi-chemin entre la physique, la chimie et les lois de la nature : par exemple, quand on mouille de la terre, on peut s'en servir comme d'une sorte de plâtre ou de colle pour colmater un trou ; ou encore, si on utilise une branche morte ou pourrie, elle va forcément céder.

Il me semble qu'un enfant construisant des cabanes acquiert un esprit bricoleur qui le conduit à porter un autre regard sur le monde : quand il a envie de quelque chose et ne peut se l'offrir, il a tendance à se demander s'il ne pourrait pas se le fabriquer.

P.d’A. : En général, l’enfant préfère-t-il construire sa cabane tout seul ou avec des copains, des cousins, des frères et des sœurs ?

E. R. : Cela dépend de son tempérament, aussi sans doute des moments. Il n'y a rien de frustrant à construire une cabane en solitaire : l'enfant ne s'y retrouve pas seul mais avec tout l'imaginaire qu'il a apporté avec lui ! Il peut aller au bout de son idée, construire une cabane qui corresponde en tout point à ce qu'il avait imaginé.

Se lancer dans cette entreprise à plusieurs est également enrichissant, mais d'une autre manière. Chaque enfant doit apprendre à composer avec les désirs des autres, les plus petits doivent parfois servir de “petites mains” aux plus grands pour les tâches ingrates mais en sont peut-être très fiers ! Et puis quand la cabane est finie, tous s'y retrouvent dans une chaleureuse complicité.

P.d’A. : Les parents ont-ils une place dans la cabane de leur enfant ?

E. R. : Pas tant qu'ils n'y ont pas été invités ! Mais qu'ils se rassurent : la plupart des enfants ne peuvent résister à la fierté de faire visiter leur construction.

Mais les visiteurs ne doivent jamais oublier que dans ce lieu, c'est leur enfant qui décide des règles, leur assigne éventuellement un rôle à jouer. Attention surtout aux remarques maladroites comme “tu aurais pu faire ta porte comme ceci…” ou bien “tu devrais boucher le trou dans ton toit !” À 9 ou 10 ans, il sera temps de parler technique avec son enfant bâtisseur. Mais avant cet âge, ces observations ne feraient que le peiner. Des compliments, et seulement des compliments, voilà le discours à adopter !

 

Le 27 juin 2010 Emmanuelle Rigon - Propos recueillis par Isabelle Gravillon

A propos d’Emmanuelle Rigon

Emmanuelle Rigon est psychologue, spécialiste de la petite enfance. Étant enfant, elle a elle-même passé de nombreuses heures à s'amuser dans une cabane, un pigeonnier désaffecté, où elle concoctait des potions magiques ! Une expérience qui, selon elle, a été riche en apprentissages.

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