Autorité : faut-il tout expliquer et se justifier auprès de ses enfants ?

Discuter les règles et pousser les adultes dans leurs retranchements, c’est un art dans lequel les enfants passent maîtres dès qu’ils jonglent mieux avec les mots, vers 5-6 ans. S’il faut leur donner des explications sur les limites que l’on a fixées, il ne s’agit pas non plus de se perdre en justifications.

 

Eviter les contradictions

“Mon fils aîné revient constamment sur les règles. Il nous titille et cherche les contradictions. Expliquer le pourquoi de tel ou tel principe, je pense que c'est important. Mais si l'on en fait trop, la discussion est sans fin”, constate la maman de Julien, 6 ans seulement, mais jamais à court de questions.

Pourquoi cette insistance et ce besoin de répétition ? “Les enfants cherchent à tester la permanence des règles, explique Daniel Marcelli, professeur de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent au CHU de Poitiers. Ils vérifient qu'elles ne changent pas d'un jour sur l'autre et veulent comprendre pourquoi elles diffèrent selon les personnes.” D'où cette tendance à demander à l'autre parent une autorisation que le premier vient de refuser.

Expliquer les règles en amont et les appliquer

“Si mon fils de 7 ans tente de repousser l’heure du coucher, je peux lui rappeler qu’il est pourtant nécessaire d’aller dormir pour reprendre des forces. Mais je ne vais pas non plus rentrer dans de grandes théories ni me justifier”, remarque Hélène.

Lorsque l’enfant a bravé un interdit, il n’est plus à propos de parlementer. “C’est en amont que l’explication doit être donnée, ajoute Daniel Marcelli. Ensuite, une fois la sanction passée, il sera temps de commenter la situation.

D’ailleurs, l’enfant qui conteste une décision en disant ‘la dernière fois, tu avais dit que’ montre qu’il avait bien mémorisé la règle. Mais il a aussi compris que plus il fait répéter les règles à ses parents, plus il peut jouer sur les écarts d’une formulation à l’autre.”

Savoir reconnaître ses torts

Et si, dans le feu de l’action, on énonce des règles qui se télescopent ? Qu’on laisse échapper un gros mot alors que l’on vient de demander à son enfant de ne pas en dire ?

Une chose est sûre : il ne manquera pas de le faire remarquer. Mais une autre l’est tout autant : “Un parent n’a pas toujours raison du seul fait de son statut, note Daniel Marcelli. Savoir reconnaître ses torts, c’est ce qui distingue l’autorité de l’autoritarisme.” Et, ainsi, on montre à l’enfant que les règles ne sont pas arbitraires : elles s’appliquent à tous, petits ou grands.

 

Le 31 mai 2010 Aurélie Djavadi

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