Pourquoi nos enfants aiment-ils les livres qui font peur ?

Du 26 novembre au 1^er décembre 2008, se tient à Montreuil le 24^e Salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-Saint-Denis. Son thème : “Peurs et frissons”. Belle occasion d'explorer les pages qui font trembler nos tout-petits comme nos grands adolescents… et qui les aident à se construire.

 

Dès la naissance

Etre séparé de sa mère est sans doute la première expérience de la peur que connaît le nourrisson. Et de cette peur primordiale, celle de la perte et de la séparation, découlent toutes les autres peurs de la petite enfance : peur du noir et du placard, peur des bruits bizarres, peur de l'inconnu… Avec, souvent, des cauchemars en prime. Faut-il vraiment en rajouter en leur lisant des histoires effrayantes ?

Des contes pour dépasser ses craintes

La peur occupe une place de choix dans la littérature jeunesse, mais transposée sur le papier, elle est paradoxalement rassurante : voir ses peurs mises en scène, c'est déjà un peu les apprivoiser.

Même si loups, ogres et sorcières s'y sont donné rendez-vous, ces livres sont nécessaires, car les héros, auxquels l'enfant s'identifie, s'en sortent presque toujours à la fin. Comme le remarque l'auteure et éditrice Marie-Hélène Delval : “Les contes de fées sont intéressants non pas parce qu'ils nous enseignent que les dragons existent, mais parce qu'ils nous disent qu'on peut les vaincre.”

Accompagner la lecture

Lorsque vous lisez un conte ou une histoire, soyez à l'écoute et ajustez votre attitude aux réactions de l'enfant. Un peu trop de tension ? Créez la distance par le rire, en soulignant tout ce qui, dans le texte ou l'illustration, montre bien que c'est “pour de faux”. Votre enfant a l'air de se régaler ? Jouez sur les voix et ménagez le suspense ! Il y a fort à parier qu'il en redemandera. Car la présence rassurante du parent, “c'est comme s'offrir les émotions de la tempête sans avoir tout à fait quitté la sécurité du port”.

Frissons d’ados

Dans les histoires peuplées de créatures horrifiques et de forces obscures que dévorent nos ados, le jeune héros est souvent seul pour affronter un univers dangereux et violent. Sans doute est-ce un reflet de l'adolescence, un passage obligé vers la capacité à prendre en main sa propre vie. Peut-être, aussi, ce registre de la littérature est-il au diapason d'une vision de l'existence, où l'angoisse de survivre prend le pas sur l'exploration des autres et l'ouverture au monde ?

A nous d'en discuter avec nos enfants, en leur empruntant leurs livres et en leur proposant d'autres registres – BD, polars, classiques – pour confronter nos jugements… et dialoguer sur nos peurs.

 

Le 17 novembre 2008 Sylvie Thierry-Askevis

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